En 1839, le marais est donné par l’Etat aux Chichebovillais et partagé en 111 parcelles. Chaque chef de famille du village remplit un bulletin avec ses noms, prénoms et profession. Tous les bulletins sont déposés dans une urne et un enfant, désigné à cet effet, tire les lots au hasard. Chaque famille peut ainsi recevoir la parcelle qui lui a été attribuée. A charge pour elle d’entretenir les fossés et de la mettre en valeur.
Aujourd’hui, le marais est morcelé en plus de 350 parcelles, appartenant à près de 200 propriétaires différents. Il n’est plus entretenu et se retrouve en grande partie à l’abandon. On y trouve des gabions pour la chasse en hiver : canards, oiseaux migrateurs, rapaces, buses. Il est constitué d’arbres de diverses essences : peupliers, aulnes, frênes, bouleaux et de quelques hectares herbagés, le tout traversé par des canaux.
Au cours des siècles, le marais donne lieu à différents types d’exploitation : tourbe et bois pour le chauffage, pâtures et litière pour les animaux et, après son drainage, maraîchage, laîches pour les livarots, sans compter le gabionnage, la chasse et le bois industriel.
Vu du ciel, on distingue les anciennes tourbières : des étendues d’eau de forme rectangulaire ; elles s’opposent aux mares aux formes courbes et irrégulières. La plupart servent aujourd’hui de mare à gabion pour la chasse aux oiseaux migrateurs.
Après la Seconde Guerre mondiale, des arbres sont plantés : saules, frênes et surtout peupliers utilisés pour la fabrication de contre-plaqué et de boîtes à fromage. Cette activité cesse dans les années soixante-dix. En 1949-1950, un important incendie ravage le marais, en relation avec la ligne de chemin de fer et l’utilisation de locomotives à vapeur. Abandonné, le marais voit de nombreuses prairies disparaître et les boisements se développer. Il est malheureusement aussi utilisé comme décharge sauvage entrainant des problèmes de pollution des eaux.