Skip to main content

LE MARAIS DE CHICHEBOVILLE-BELLENGREVILLE

Natura 2000, Marais calcaire de Chicheboville-Bellengreville

Classé en 1997 au titre de Natura 2000, le marais alcalin de Chicheboville – Bellengreville s’étend sur 99 ha. Cette zone humide présente une biodiversité spécifique. Cette tourbière basse alcaline est unique en Basse-Normandie. Le Conservatoire Fédératif des Espaces Naturels de Basse-Normandie a été retenu par le préfet pour animer le projet Natura 2000, sur ce site. L’étude menée sur le marais a pour but d’assurer, avec les communes, la DIREN, la Communauté de Communes du Val ès dunes et les acteurs du terrain, le maintien ou le rétablissement dans un état de conservation favorable des habitats naturels et des habitats d’espèces de la flore et de la faune sauvage.

Des boisements occupent 52 % du site. Ce marais présente une mosaïque de milieux fort intéressants : tourbières, prairies humides et tourbeuses, mégaphorbaies, cladiaies (vastes prairies à herbes coupantes hautes et denses). Outre la faune spécifique des marais, on y rencontre de nombreuses espèces botaniques remarquables : 1 exceptionnelle, 9 très rares, 13 rares, 19 assez rares, 5 espèces protégées au niveau régional et 1 au niveau national.

Les origines géologiques

Le marais de Bellengreville-Chicheboville se forme il y a moins de 10 000 ans d’une circonstance particulière. Suite au travail d’une faille dans le secteur de Bellengreville, une dépression se forme. Les eaux de pluie se trouvent enfermées sans pouvoir en sortir totalement. Cela forme un genre de lac. Mais, le sous-sol calcaire empêche cette eau de s’oxygéner. Les plantes qui poussent en surface, meurent et tombent au fond sans pouvoir pourrir à cause

Sa grande particularité est d’être situé en plaine, ce qui est rare. Le marais est composé d’une cuvette de 150 hectares, sa profondeur maximale atteint 21 m. Il est situé sur une couche imperméable, du manque d’oxygène. Elles s’entassent les unes sur les autres donnant la tourbe qui est la phase initiale de la formation du charbon.

Les marais sont des zones inondables qui, comme des éponges, stockent les eaux d’hiver qu’ils rendent progressivement en période sèche. Ces zones se trouvent naturellement épurées grâce à l’action filtrante de la végétation naturelle. Les spécialistes nous disent qu’un hectare de marais est capable de dépolluer en nitrates et phosphates autant que le ferait une usine d’épuration prévue pour 4 000 habitants. Ces zones sont donc très importantes pour l’équilibre écologique. En effet, les pratiques agricoles actuelles comme la disparition des haies ou l’utilisation de produits chimiques, fragilisent les sols soumis à des phénomènes d’érosion et de pollution par les excès de nitrates. ce qui fait que l’eau qui arrive par le Sémillon, les ruisseaux du Petit marais et les pluies ne peut s’infiltrer. Il est alimenté par les battements de la nappe phréatique. Jusqu’à sa mise en valeur au XIXème siècle, le marais n’est constitué que de roseaux, de laiches (plantes vivaces appelée aussi carex) et de quelques prairies.

Ces marais sont aussi des réserves naturelles pour des plantes en voie de disparition. 

Petite histoire du marais

En 1839, le marais est donné par l’Etat aux Chichebovillais et partagé en 111 parcelles. Chaque chef de famille du village remplit un bulletin avec ses noms, prénoms et profession. Tous les bulletins sont déposés dans une urne et un enfant, désigné à cet effet, tire les lots au hasard. Chaque famille peut ainsi recevoir la parcelle qui lui a été attribuée. A charge pour elle d’entretenir les fossés et de la mettre en valeur.

Aujourd’hui, le marais est morcelé en plus de 350 parcelles, appartenant à près de 200 propriétaires différents. Il n’est plus entretenu et se retrouve en grande partie à l’abandon. On y trouve des gabions pour la chasse en hiver : canards, oiseaux migrateurs, rapaces, buses. Il est constitué d’arbres de diverses essences : peupliers, aulnes, frênes, bouleaux et de quelques hectares herbagés, le tout traversé par des canaux.

Au cours des siècles, le marais donne lieu à différents types d’exploitation : tourbe et bois pour le chauffage, pâtures et litière pour les animaux et, après son drainage, maraîchage, laîches pour les livarots, sans compter le gabionnage, la chasse et le bois industriel.

 Vu du ciel, on distingue les anciennes tourbières : des étendues d’eau de forme rectangulaire ; elles s’opposent aux mares aux formes courbes et irrégulières. La plupart servent aujourd’hui de mare à gabion pour la chasse aux oiseaux migrateurs.

Après la Seconde Guerre mondiale, des arbres sont plantés : saules, frênes et surtout peupliers utilisés pour la fabrication de contre-plaqué et de boîtes à fromage. Cette activité cesse dans les années soixante-dix. En 1949-1950, un important incendie ravage le marais, en relation avec la ligne de chemin de fer et l’utilisation de locomotives à vapeur. Abandonné, le marais voit de nombreuses prairies disparaître et les boisements se développer. Il est malheureusement aussi utilisé comme décharge sauvage entrainant des problèmes de pollution des eaux.

En 1997, le marais alcalin de Chicheboville-Bellengreville est classé zone Natura 2000. Ce projet européen a pour but de maintenir ou de rétablir un état de conservation favorable des habitats naturels et des habitats d’espèces de la flore et de la faune sauvage afin de limiter l’érosion de la biodiversité.

Le classement du marais de Chicheboville est lié à la présence de deux espèces d’insectes : l’Agrion de Mercure (une libellule) et l’Ecaille chinée (un papillon) et surtout à des habitats d’une grande biodiversité n’existant plus qu’en toute petite quantité en Europe : tourbières, prairies humides et tourbeuses, mégaphorbaies , cladiaies , mélange d’iris jaune, orties, roseaux, consoude, reine des près, gaillet gratteron… Plantes toutes communes mais dont la présence sur une même parcelle est exceptionnelle.

  

 L’étude Natura 2000 indique que, parmi les espèces végétales remarquables présentes, on compte :

  • Une espèce très rare: la grande douve protégée au niveau national.
  • Une espèce exceptionnelle : le rubanier nain protégé au niveau régional.

En ce qui concerne la faune, le marais boisé présente un réel intérêt ornithologique en raison de la nidification régulière de passereaux comme la Bouscarle de cetti, la Rousserolle verderolle, le Rossignol philomèle et le Loriot.

Le rousserolle verderolle
La Rousserolle verderolle
Le Loriot d'Europe
Le Loriot d’Europe
Renoncule des marais
Renoncule des marais

Découverte du site

Le circuit de randonnée n°10 (Office de tourisme de Val ès Dunes) permet d’effectuer une boucle de 9 kilomètres en traversant une grande partie du marais. 

Le parcours emprunte des petits chemins humides au cœur du marais et il faut prévoir des chaussures adaptées.

Des sorties nature sont organisées par le Conservatoire.